2022
Paroles & musiques © Jean Dussoleil
sauf Cirque d'hier © Jacques Lutinier & Jean Dussoleil
Arrangements & direction musicale : Jacky Arconte
Guitare : Jacky Arconte & Patrick Audouin
Basse : Ben Créach
Claviers : Éric Dureau
Piano : Patrick Péron
Trombone : Jean-Philippe Le Coz
Saxophone : Bernard Le Dréau
Batterie : Guéna Péron
Lumières : Marc Le Page
avec la participation
de la chanteuse Olga Bystram
et du magicien Jango
Prise de son, mixages & mastering : Philippe Quiniou
Vidéos : Philippe Croguennec / Philview
Photos : Laurence Morice / Art Sky Events
Jacques Bocoyran & Michel Prigent
Montage DVD et conception graphique :
Philippe Quiniou & Patrick de Meira
Production : Compagnie des Fous de la Rampe
Trousse Musique & Éditions Acvam
avec le soutien de Jacky Hirigaray & du Fil' O Bar
Production déléguée :
Brieg Haslé-Le Gall & Jacques Kérampran
© Jean Dussoleil / FDLR 2022
Après une campagne de presse orchestrée de main de maître par Brieg Haslé-Le Gall et parfaitement réussie, arrive le grand soir où, entouré de huit musiciens dirigés par Jacky Arconte, je vais offrir à mon public mon ultime concert. Je suis seul dans la loge. Par une cordiale et délicate attention, on y a subrepticement déposé un immense bouquet de lys. Pour la dernière fois, j’enfile mon costume de scène. Je me suis toujours présenté le plus simplement possible : chemise blanche, ensemble noir, ni maquillage, ni paillettes. J’ai régulièrement vécu cet habillage comme une sorte de rituel païen avant d’affronter l’assistance, car rien n’est jamais gagné d’avance. Je me plante devant le miroir encadré d’ampoules pour un dernier inventaire de ma mise et de ma coiffure. Durant quelques instants, je reste songeur car ce face à face reflète parfaitement mon émoi. Dans la profondeur énigmatique de cette glace viennent se réfléchir les ombres éphémères d’un passé désarticulé et d’un présent qui refuse de s’éterniser. La vérité me saute à la gorge ! C’est vrai ! J’ai le trac…
On a beau s’être frotté le cuir à un nombre invraisemblable de cabarets, théâtres, galas en plein air ou de chapiteaux, il reste toujours cette boule nerveuse qui se coince quelque part dans ta carcasse et qui ne disparaîtra que sur les planches. Un dernier coup d’œil sur moi-même et je m’arrache à mon image, et à mes fantômes, pour rejoindre les coulisses. Concentré et la gorge sèche, je piétine d’impatience. Le rideau frémit et s’ouvre. Les musiciens jouent l’intro du premier morceau et j’apparais dans le faisceau du projo. Pour cette der des ders, j’ai choisi 21 chansons. D’ordinaire, je les enchaîne sans commentaires. Mais ce soir, j’explique comment m’est venue l’idée d’en écrire ou d’en composer certaines.
Comme à notre habitude avec Jacky, nous échangeons un clin d’œil ou deux-trois mots dans les intervalles. Notre complicité est totale. Dans la suite orchestrale de mon titre Je vole, je me retire dans les coulisses pour laisser libre court à sa virtuosité de guitariste et à son imagination. « Mon jumeau » aligne alors une improvisation fabuleuse qui impressionne et ravit le public qui applaudit à tout rompre. C’est ma façon de lui témoigner ma reconnaissance et mon amitié. Pendant que j’interprète ma chanson Cirque d’hier, c’est au tour du magicien brestois Jango d’ajouter une touche de fantaisie avec lapins, foulards et colombes. À la scène ou à la télévision, j’ai souvent souhaité, autant que possible, un numéro visuel par considération pour ces artistes qui s’évertuent à émerveiller petits et grands.
Sur le plateau, j’ai désiré pour tout décor un tabouret, une chaise et une table parée d’un bouquet de fleurs afin que le public s’invite dans mon intimité. Les musiciens sont disposés en arc de cercle autour de moi, ainsi dans une parfaite communion, je me livre avec un maximum d’énergie, parfois même de fougue mais avec pudeur.
L’émotion est intense autant sur scène que dans la salle. Par la suite, j’apprendrai que certains dans l’assistance étaient au bord des larmes. Ces Brestois qui m’ont depuis longtemps adopté ne ménagent pas leurs applaudissements et si un trou de mémoire vient me surprendre, leurs sourires et leur complicité en guise d’encouragements, me poussent à repartir de plus belle dans mon extrême baroud d’honneur.
Dans un final pétillant, j’invite Olga Bystram à venir chanter à mes côtés la version anglaise de ma chanson Un bateau qui s’en va. C’est un peu mon remerciement à ce port ouvert sur le monde qui m’a enserré si fort dans ses bras il y a quarante ans. Le lundi suivant, présent au spectacle, la journaliste de Ouest-France résumera dans son titre la liesse générale d’une salle debout pour m’applaudir : « Bravo Jean ! Et merci ! On t’aime ! ».